Les rues de la ville russe s'étirent devant moi.
Les ambitions soviétiques des années 60 ont façonné le paysage, transformant les
chemins du village en larges avenues rectilignes, les bois de bouleaux en esplanades
arborés et les isbas colorées en complexes de béton.
Il faut passer derrière les façades pour en rencontrer les habitants. Ce sont ceux-là qui me
font découvrir leur territoire, ou du moins ce qu'ils veulent bien m'en dévoiler : leur
chambre, leur lieu de travail ou seulement le hall de leur immeuble, la rue.
Les compositions sont des allers-retours entre impression de réel et étrangeté diffuse : les
rues de la ville russe s'épanouissent en espaces dépliés, ouvrant des lieux réinventés. Les
murs s'écartent et gauchissent, les perspectives se faussent.
Mes panoramiques sont ouverts sur quelque chose d'autre, un ailleurs qu'on imagine : un
appartement chaleureux derrière cette façade usée, une épicerie rescapée au détour de
cet immeuble, Karl Marx à l'angle de la rue.
Toutes ces photos prises en Russie évoquent, de l'intérieur, la vie d'une petite ville russe,
dont les habitants gèrent, plus ou moins difficilement, la transition qui suit la fin de l'ère
soviétique.

I can see Karl Marx when I look out of the window
Segmented panoramic photos.
Kingisepp (Leningradskaya Oblast), Russia. 2008-2011.

The streets of the Russian city stretch ahead.
The Soviet ambitions of the 60s have shaped today's landscape, transforming the paths of the village into wide rectilinear avenues, the woods of white birches into tree-filled promenades, and the colored log huts into concrete complexes. We have to get through the fronts to have a chance to meet the inhabitants.
All these photos evoke, from within, the life of a little Russian town, whose residents manage, with more or less difficulty, the transition which follows the end of the Soviet era.

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